Moins de 24 heures entre une plongée et un vol en avion : la plupart des organismes de plongée l’interdisent formellement. Des cas d’accidents de décompression survenus après des trajets aériens ont été recensés malgré un respect apparent des consignes. La pression en cabine, même régulée, ne garantit pas l’absence de risque pour tous les profils de plongeurs.
Certaines compagnies refusent explicitement d’embarquer des passagers ayant plongé récemment. La règle des 12 ou 24 heures n’a rien d’arbitraire et ne protège pas systématiquement contre les effets indésirables. La variabilité individuelle et l’accumulation de plongées modifient considérablement le niveau de sécurité.
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Plonger puis voler : un cocktail risqué pour le corps
La plongée sous-marine confronte notre organisme à de fortes doses d’azote dissous. Ce gaz, bénin en temps normal, sait se faire sournois dès que la pression ambiante joue au yoyo. Plus on reste longtemps sous l’eau, plus on descend profond, plus l’azote s’installe dans nos tissus. Une remontée trop rapide ou un passage prématuré en altitude offrent à ce gaz l’occasion de former des bulles dans le sang et les organes, avec toutes les complications que cela implique.
Monter dans un avion après une plongée, c’est demander à son corps de gérer une nouvelle chute de pression en un temps record. Même si la cabine est pressurisée, elle reproduit une altitude de 2000 à 2500 mètres, bien différente du niveau de la mer. Cette différence, loin d’être anodine, accroît le risque d’accident de décompression (ADD) pour le plongeur qui porte encore en lui l’excès d’azote.
Pour mieux comprendre, voici les paramètres majeurs à surveiller :
- Profondeur et durée de la plongée : à chaque minute et à chaque mètre, l’azote s’accumule davantage.
- Décoller trop vite après la plongée ouvre la porte à la formation des bulles, responsables d’ADD.
- Les signaux d’alerte ne se cantonnent pas au vol : ils peuvent surgir jusqu’à 48 heures après l’atterrissage.
Quand des bulles d’azote s’invitent dans les tissus, elles peuvent provoquer des douleurs, des troubles neurologiques, voire des complications cardiaques. Le lien entre vol après plongée et accident de décompression ne fait plus débat dans le milieu médical. Chaque année, des incidents surviennent, même chez des plongeurs qui ont respecté les recommandations, preuve que chaque organisme reste imprévisible face à l’azote résiduel.
Que se passe-t-il vraiment dans notre organisme après une plongée ?
Au fil de l’immersion, le corps absorbe une quantité d’azote directement liée à la profondeur et à la durée de la plongée. Ce gaz, omniprésent dans l’air, pénètre lentement dans les tissus sous l’effet de la pression. Pendant la remontée, commence la phase de désaturation : l’azote repart, à condition de respecter les paliers de sécurité et d’éviter toute précipitation.
Remonter trop vite ou monter dans un avion sans respecter un intervalle de sécurité suffisant, c’est donner à l’azote l’occasion de se transformer en bulles. Ces dernières, minuscules mais redoutables, peuvent migrer dans le système sanguin et déclencher des troubles variés : douleurs, éruptions, vertiges, parfois même des paralysies. Les symptômes d’accident de décompression (ADD) ne sont pas toujours immédiats. Certains apparaissent en vol, d’autres plusieurs heures après l’atterrissage.
Plusieurs facteurs influencent la durée nécessaire à une désaturation complète :
- nombre de plongées effectuées dans la même journée,
- profondeur et durée de chaque immersion,
- qualité de l’exécution des paliers de sécurité,
- type de tables ou d’ordinateur de décompression utilisé.
Gardez à l’esprit que chaque physiologie réagit à sa façon ; le risque d’accident de décompression existe toujours, même si l’on suit les recommandations à la lettre. L’azote résiduel, invisible mais bien réel, impose de la prudence avant toute montée à bord.
Délais à respecter : combien de temps attendre avant de monter dans l’avion ?
Respecter un délai entre plongée et vol ne relève pas d’un excès de prudence, mais de l’application concrète des principes de désaturation en azote. Les recommandations internationales (PADI, FFESSM, DAN) sont claires : un intervalle trop court multiplie le risque d’accident de décompression, car la diminution de pression en cabine équivaut à une montée à 2 000 ou 2 500 mètres.
Pour une plongée unique, sans palier, la plupart des organismes recommandent d’attendre au moins 12 heures avant de prendre l’avion. Ce délai passe à 18 à 24 heures pour des plongées multiples ou avec paliers. Si l’on enchaîne les immersions profondes, techniques ou successives, il vaut mieux patienter 24 à 48 heures, selon le profil et les conditions enregistrées.
Les ordinateurs de plongée affichent généralement le no-fly time adapté à chaque situation, en tenant compte de l’azote encore présent dans l’organisme. Certains modèles imposent un minimum de 24 heures, d’autres ajustent en fonction de l’intensité de la plongée. Les tables de décompression, qu’elles soient papier ou électroniques, offrent aussi des repères fiables, mais rien ne remplace l’expérience ni l’avis d’un médecin hyperbare en cas de doute.
La prudence reste la meilleure garantie. Ce délai doit s’adapter à chaque plongeur et à chaque contexte. Succomber à la hâte du retour expose à des conséquences évitables : la saturation en azote ne tolère pas l’improvisation.
Conseils simples pour voyager sereinement après une plongée
Après la plongée, l’organisme poursuit doucement l’élimination de l’azote absorbé. Ce processus, invisible mais fondamental, impose quelques gestes simples avant de songer à prendre l’avion. Le repos prime : évitez tout effort intense ou activité physique soutenue après la plongée. L’effort accélère la circulation sanguine, ce qui peut multiplier la libération de bulles d’azote et accroître le risque d’accident de décompression.
L’hydratation occupe une place clé. Boire régulièrement de l’eau compense la déshydratation due aux plongées répétées, à l’air sec en altitude et au climat chaud. Écartez l’alcool : non seulement il ralentit la désaturation, mais il augmente aussi la fatigue. Privilégiez les boissons sans alcool et une alimentation légère.
Quelques recommandations concrètes pour limiter les risques :
- Laissez s’écouler une journée entière sans plongée avant le vol retour, surtout après des immersions profondes ou en série.
- Évitez toute montée en altitude, même en voiture, dans les zones montagneuses comme La Réunion ou le haut pays niçois : la diminution de pression y reproduit celle d’un vol.
Le délai indiqué par votre ordinateur de plongée, ce fameux no-fly time, doit être respecté à la lettre. Ce conseil vaut pour toute la famille ou les groupes : l’intervalle s’ajuste au profil le plus à risque. Ne négligez jamais la fatigue ; elle peut aggraver les risques sur le trajet du retour.
Ralentir avant de décoller, c’est se donner les moyens de profiter pleinement des souvenirs de la plongée, plutôt que de les voir s’effacer derrière une urgence médicale. La mer mérite mieux qu’un épilogue à 10 000 mètres d’altitude.


